Bâtir ses succès sur ses forces
Bâtir ses succès sur ses forces
« Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson à sa capacité de grimper à un arbre, il vivra toute sa vie en croyant qu'il est stupide ». Cette citation attribuée à Einstein illustre un travers fort de la vision de l’apprentissage dans notre culture. Combler ses lacunes est trop souvent vu comme le moyen privilégié pour se développer. Bien sûr, il ne s’agit pas de nier ses faiblesses et de considérer qu’il ne serait jamais utile de les travailler. Pourtant, dans une étude(1) réalisée auprès de 8000 équipes, James Harter et Franck Schmidt tirent la conclusion que s’il y a plusieurs leviers pour augmenter l’engagement et la performance des personnes (la sélection des talents, des rôles clairs, une définition partagée de la mission de l’équipe, etc.), le levier le plus puissant est de leur permettre de travailler sur leurs points forts.
L’expérience le démontre d’ailleurs ; développer activement ses talents se révèle être à l’origine de grandes réussites. C’est ainsi que le coach du célèbre tennisman Borg l’a aidé à devenir le champion que l’on connaît en renforçant son talent naturel (le jeu de fond de court) plus qu’en s’acharnant à travailler ses points faibles (le jeu d’attaque). C’est le principe de la psychologie positive(2) qui prône l’identification et l’utilisation de nos émotions positives (optimisme, motivation…). Ce regard appréciatif se retrouve également dans les organisations, avec notamment l’Appreciative Inquiry(3), définie par David Cooperrider, qui nous invite à nous focaliser sur nos réussites pour mieux vivre les changements.
Alors comment mettre à profit ses propres talents pour se réaliser pleinement ?
Tout d’abord, se fixer un challenge motivant. Tirer profit de ses talents naturels ne signifie pas rester dans sa zone de confort. Le sentiment de devoir se dépasser est indispensable au développement de ses forces. Il s’agit de créer les conditions pour activer ses talents et les révéler comme on mettrait à jour ce qui était jusqu’alors immergé.
Ensuite, il convient de procéder au choix conscient qui nécessite d’avoir conscience, précisément, de ses forces. A l’image de J.K Rowling qui mit à profit son talent propre à écrire des histoires, alors même qu’elle se trouvait dans un contexte économique et social tendu. L’écrivain aura su focaliser son énergie sur la chose qu’elle savait le mieux faire et devenir ainsi l’un des auteurs contemporains les plus connus au monde. Lorsque vous établissez un plan d’actions pour vous-même, demandez-vous si vous y avez assez introduit vos talents, vos forces.
Puis, vient le temps de l’entraînement. A l’instar de Arnold Palmer (golfeur américain) qui déclara « plus je m’entraîne, plus j’ai de la chance », il faut passer du temps à muscler ses talents pour qu’ils s’ancrent dans nos modes de fonctionnement comme autant de sources de succès maîtrisés et éprouvés.
Enfin, ne vous privez pas de la force du collectif qui vous entoure (collègues, managers, partenaires, clients…). Steve Jobs n’aurait pu réussir l’aventure Apple sans Steve Wozniak, son indispensable alter-ego sur la partie technologique. En effet, pour développer un talent, il est nécessaire d’accepter par ailleurs de ne pas être bon partout, d’avoir des trous dans la raquette. L’essentiel est de les identifier pour ne pas disperser son énergie. Mieux vaut l’employer à l’endroit précis où le retour sur investissement sera le plus probant : vos forces ! Pour le reste, jouez collectif !
(1) Stajkovic, A. D. (2006). Development of a core confidence-higher order construct. Journal of Applied Psychology, 91(6), 1208–1224
(2) Peterson, C., Selgman M. (2004). Character strenghts and virtues. American Psychological Association.
(3) Cooperrider, D., Whitney D. (2016). L’appreciative Inquiry.